Présentation

La Corrida Etica est une forme de tauromachie où le taureau n’est pas blessé. C’est une nouvelle discipline utilisant en partie les codes de l’ancienne pratique en les faisant évoluer pour transformer la tauromachie en art véritable.

Une tauromachie éthique en harmonie avec un nouveau rapport au vivant

Dans notre monde contemporain ou de nouvelles valeurs émergent, cette nouvelle tauromachie explore les enjeux sociaux, culturels et politiques dans notre rapport au vivant. Le but est de promouvoir et de créer une harmonie vertueuse à travers une éthique de l’existence. Les droits des animaux sont en voie de reconnaissance, les normes déontologiques évoluent. Dans la Corrida Etica, à la fin de la représentation, le taureau est ramené dans les pâturages pour qu’il continue à vivre. Cette approche permet de maintenir la tradition taurine, un des rites fondateurs des sociétés méditerranéennes, tout en préservant une espèce animale unique : le taureau brave, descendant le plus direct de l’ancêtre des bovins, l’Auroch. Taureau brave et taureau camargue, dont la survie dépend exclusivement des pratiques taurines.

Avec la Corrida Etica une nouvelle économie émerge, respectueuse de la biodiversité

En Europe sont organisés annuellement plus de 25 000 spectacles en lien avec la tauromachie générant un impact économique d’environ 5 milliards d’euros; le secteur brasse plus de 400 000 emplois directs et indirects.  L’élevage des taureaux participe à la survie des territoires ruraux, parfois en voie de désertification. La préservation de la race favorise la biodiversité de l’environnement en priorisant l’herbe pâturée issue de ressources naturelles, (prairies, bois, ou zones marécageuses) en extérieur tout au long de l’année. Ainsi dans les 3 pays taurins (Espagne, France, Portugal) le taureau préserve plus de 500 000 hectares de haute qualité environnementale, dont la valeur est estimée à plus de 2 milliards d’euros.

Préserver une race proche de sa disparition

Les courses de taureaux participent à la conservation d’un animal unique, le bos taurus ibericus ou « taureau brave ». Ce taureau est, de tous les bovins actuels, celui qui a conservé le plus de caractéristiques génétiques avec son ancêtre, l’Auroch ou Bos taurus primigenius, disparut par excès de chasse, dont le dernier représentant fut abattu dans les forêts de Pologne à la fin du XVIIe siècle. À l’heure où notre planète s’embrase et où l’urbanisation à outrance menace dangereusement la ruralité, la tauromachie joue un rôle majeur dans la préservation de la biodiversité et du respect animal. La suppression des courses de taureaux éliminerait cette race millénaire, ainsi que celle du taureau camargue, et entraînerait avec elle celle de milliers d’hectares préservés par le mode d’élevage nécessaire à son élevage.

Leur force et leur vélocité (l’Auroch) sont également remarquables ; rien de ce qu’ils aperçoivent, hommes ou bêtes, ne leur échappe.

Jules César, La guerre des Gaules

Une tauromachie artistique

La Corrida Etica porte le sens profond de l’héritage millénaire des anciennes tauromachies mais transcende la dualité d’affrontement entre l homme et l’animal pour la transformer en une véritable œuvre artistique. C’est dorénavant un art que l’on peut définir comme une performance chorégraphique unique et éphémère, une danse où la force vitale sauvage de l’animal rencontre la prouesse savante de l’humain.  La figure du torero, métamorphosé en artiste, doit puiser dans les archétypes universels pour inventer une nouvelle esthétique…il devient créateur, transmutant en art la peur de la mort face à cet animal qui incarne une toute-puissance vitale. La quête sacrificielle est transcendée. Cette nouvelle pratique artistique s’appuie sur la technique traditionnelle du toreo, tout en intégrant d’autres disciplines.

Réconcilier l’éthique et l’esthétique

Il est temps de mettre fin à l’ère de l’affrontement entre la nature et la culture. L’homme a trop longtemps dominé la nature de manière excessive. Le risque aujourd’ hui est de compromettre l’ensemble du vivant sur notre planète. Il est temps de remplacer le concept d’affrontement par celui de coopération. La Corrida Etica célèbre non seulement l’intelligence, le courage et la force morale de l’homme, mais aussi l’instinct, la puissance et la bravoure de l’animal. Cette démarche s’inscrit dans une perspective bien plus large que celle du monde de la tauromachie, de l’art ou de la culture; elle donne une vision sociétale tout simplement plus vertueuse. Un monde de la coopération et de respect mutuel est à inventer.

Un dépassement des frontières de l’art généralement admises

L’un des enjeux de la Corrida Etica est de repousser les limites de l’art généralement admises ..toute activité artistique devrait pouvoir se libérer des conformismes et évoluer. Cette pratique va au-delà d’une simple révolution des formes ; elle incarne une profonde remise en question de la fonction de l’art et de l’artiste dans son environnement. Elle s’inscrit pleinement dans le concept de l’art invisuel, développé par la Biennale de Paris qui explore les formes de création artistique les plus expérimentales et créatives.

Préserver un des rites fondateurs des cultures humaines

Dès l’aube de l’humanité, les hommes ont nourri un symbolisme existentiel, créant des mythologies, qui ont donné naissance à des rituels, des cultes sacrés, des religions. Au fil des âges, certains de ces rituels ont évolué pour devenir des coutumes cultuelles ou culturelles, tandis que d’autres dans l’incapacité à évoluer ont disparu. Depuis Lascaux, Altamira, Villars et d’autre hauts lieux du paléolithique, les hommes ont toujours peint sur les parois des grottes, des troupeaux de taureaux (Aurochs), de lions et de chevaux, pour communiquer avec les esprits de la nature et s’approprier leur force, leur fécondité. Au-delà des besoins de survie, les premiers hommes percevaient ces animaux comme des êtres divinisés, participant au jeu des puissances cosmiques. Cette émergence de rituels initiatiques, premières manifestations du sacré, est concomitante avec les premières créations artistiques. Toute notre protohistoire parle de divinités taurines. Les premières sociétés, autour de la Méditerranée, mais également dans la vallée de l’Indus et ailleurs, ont dressé des cultes et rituels en l’honneur de cet animal. Le premier mythe (Sumer) écrit de l’humanité, concerne le combat d’un taureau céleste. Le A de l’alphabet est né de la stylisation d’une tête de taureau. On vénère Apis et Hathor, en Égypte. En Crète, patrie du Minotaure, on organise des jeux acrobatiques mettant en scène ces bêtes avant de les sacrifier en hommage aux dieux. Héraclès doit livrer combat à un taureau pour mener à bien ses douze travaux. Zeus, dieu des dieux, pour séduire Europe, prend l’apparence d’un taureau. À Rome, le culte de Mithra met en scène le sacrifice du taureau pour apporter vie et abondance. Les premières références faisant acte de courses de taureaux en Espagne datent du XIe siècle à Avila. En France, elles sont mentionnées en 1289 à Bayonne. On utilise le descendant de l’Aurochs, le taureau brave, pour les fêtes. On pratique des lâchers de taureaux dans les rues des villes et villages, tandis que l’aristocratie montre sa bravoure à cheval face à la bête sauvage. C’est ainsi que deux types de tauromachie se mettent peu à peu en place : d’un côté, les troupes professionnelles de mata-toros parcourent la Navarre pour développer une tauromachie populaire et piétonne, qui s’inspire des sauts, écarts et passes de cape. De l’autre, la noblesse Castillane (espagnole), mais aussi les chevaliers arabes dans leur royaume d’Al-Andalus, se mettent en scène dans des combats équestres qui font office d’entraînement à la guerre. La tauromachie moderne est née en Espagne dans la seconde moitié du XVIIe siècle, à l’époque des Lumières. Si une première « course à l’Espagnole » est célébrée à Bayonne en 1674, c’est en 1853 qu’est organisée dans cette ville, la première corrida moderne en France.

Le taureau est sans doute le premier dieu des hommes.

Michel Pastoureau, historien médiéviste

Une des cultures les plus ancienne de l’humanité

Depuis la nuit des temps, existent des pratiques taurines très diverses comme, l’atteste multitude de textes écrits et iconographiques, la tradition orale, les contes et légendes. Ces pratiques s’étalent dans le temps et l’espace. Exercices de chasse à valeur rituelle à leur genèse, évoluant et variant au cours des siècles, elles se sont transformées pour la plupart en liturgies religieuses ou sacrificielles, conservant plus ou moins le sens, le rituel ou la mythologie de la source dont elles sont issues. Une quête de transmutation, celle du pouvoir génésique du bovin sur l’homme qui cherche à s’en saisir. Les peuples qui, en France, en Espagne et ailleurs dans le monde ont adopté ces rituels les ont assimilés comme faisant partie de leur culture identitaire. La tauromachie est une métaphore de la transformation de l’état de nature à celui de culture. La course de taureaux est un rite de passage et de partage qui permet à l’homme de se confronter à la précarité de l’existence et à la finitude de la vie. En affrontant cet animal sacré, il donne sens à des valeurs socio-culturelles et intergénérationnelles de transmission, de cohésion, d’intégration et de création. La culture taurine est un élément de résistance à l’uniformisation, à la culture unique globalisée et conquérante.

Déroulement de la Corrida Etica

Paseo (défilé) des participants ; toreros, recortadores, sauteurs Landais et cavaliers.

Sortie en piste du premier taureau. La chorégraphie avec chaque taureau se déroule en trois temps :

Début et premier temps

Création de cape. Cette première rencontre avec le taureau se fait par du toreo à la cape. Différents quites (interventions) sont pratiqués par les toreros.

Deuxième temps

Même déroulé (en trois temps) que pour le premier. Chorégraphie de sauts et d’écarts. Interviennent dans ce temps intermédiaire des recortadores et sauteurs landais, qui pratiquent différents sauts et écarts. Entre le deuxième et le troisième taureau, représentation de dressage équestre en Doma Vaquera. Plusieurs cavaliers et chevaux.

Troisième temps

Même déroulé que pour les deux premiers.

Créations à la muleta. Le torero en tour réalise des tandas (séries) en utilisant la muleta. A la fin de la performance torero taureau celui-ci repart sans avoir été blessé.

Sortie en piste du deuxième taureau
Accompagnement musical

La représentation est en partie accompagnée de musique en temps réel.

Fin de la représentation

A la fin de la représentation, le taureau est ramené dans ses pâturages.